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lundi 18 juillet 2016

Charles Plymell et William Burroughs: magazine Now








Photo: Charles Plymell



Voir l'interview de Charles Plymell par Alain Jegou dans le site  des éditions Wigwam : http://www.wigwametcompagnie.net/plymell.htm
Charles Plymell par Alain Jégou


Alain Jégou. Charles, tu es né près de la ville de Wichita, dans le Kansas. Peux-tu nous raconter comment s’est passée ton enfance ? Et nous parler de tes origines cherokees ?


Charles Plymell. Ma grand-mère a connu la Piste des Larmes, quand les Cherokee ont été chassés de leurs terres ancestrales, dans le sud-est du Territoire de l’Oklahoma, sur l’ordre du président Jackson, une autre crapule rapace et tyrannique, assez dans le genre de Bush. Le nom de ma mère était Sipe et ses ancêtres européens se sont établis en Virginie dans les années 1600. Les ancêtres des Plymell viennent de Bretagne et d’autres régions de l’Europe. Ils ont débarqué, puis ont émigré vers l’Ouest au début des années 1700. Durant cette migration vers l’Ouest, l’un d’eux a épousé une Indienne wyandotte, dont la tribu fonda Kansas City, qui se trouve d’ailleurs actuellement dans le comté de Wyandotte, au Kansas.
Mon second nom est Douglass et il y a un faubourg de Wichita qui porte le nom de la partie écossaise de la famille. Ma prime enfance, je l’ai passée plus loin à l’ouest des plaines du Kansas, près du Territoire indien, où il y a aujourd’hui un important troupeau de bisons dans les terres de l’État, près du site où se trouvait le bureau de diligence de mon grand-père, aujourd’hui la Plymell Union Church et la Plymell Elementary School. Mon père est né à proximité du Territoire indien avant que celui-ci ne devienne un État. Son père conduisait une diligence qui reliait Dodge City et Santana (White Wolf) ainsi que d’autres camps le long de la piste de Santa Fe et de la rivière Cimarron, dans le secteur des tribus kiowa, wichita et cheyenne qui, par la suite, est devenu l’Oklahoma.
Après la grande tempête de poussière (le Dust Bowl) des années 30 au Kansas, nous nous sommes installés un bout de temps à Yucaipa (Green Valley), en Californie, à l’ouest de Los Angeles. Je m’en souviens toujours comme d’un paradis où les ruisseaux dévalant des montagnes de San Bernardino charriaient une eau qu’on pouvait boire, limpide et étincelante, et où les grosses oranges navel tombaient mûres des arbres. Le parfum des fleurs d’oranger envahissait complètement la vallée. Aujourd’hui, c’est devenu un enfer noir avec un smog étouffant et entouré de montagnes brûlées, de désert et de rivières pleines de saloperies toxiques. Nous y sommes restés un an ou deux, à la fin des années 30, puis nous sommes retournés à la ferme, au Kansas.
Mon père voyageait beaucoup, et c’est ainsi qu’alors que nous étions encore mômes, il nous a acheté une maison à Wichita, où j’ai passé mon adolescence et ma prime jeunesse, dans les années 50. Il m’avait acheté une voiture et une de ses maisons était en Californie, de sorte que j’ai beaucoup parcouru les États de l’Ouest. J’achetais l’essence très bon marché, pas plus de quinze cents le gallon, là-bas, au Nouveau-Mexique, pour remplir le réservoir de mon nouveau coupé Chevrolet 1950 et, plus tard, de ma nouvelle Buick Roadmaster Riveria de 1953, que j’avais achetée à Hollywood, de sorte que j’ai passé le plus clair de mon temps à parcourir la route 66, ou la route du nord, vers l’Alaska, ou celle du sud, vers le Mexique. Un jour, je suis allé retrouver ma sœur en Oregon et j’ai voyagé avec elle en Idaho, au Wyoming et au Montana où elle a travaillé comme prostituée. Elle avait découvert les tenancières des villes et bourgades de l’Ouest et elle a travaillé tout un temps, après quoi nous nous sommes tirés. L’Oregon, à l’instar de quelques États du nord-ouest, avait toujours l’allure des « grands espaces » du vieil Ouest, avec ses parties de poker dans les arrière-salles des tavernes et des maisons mal famées. Pendant un bout de temps, ma sœur est restée mariée avec un bûcheron, qui m’emmenait dans ces endroits pour m’offrir des passes. Plus tard, elle s’est mise à la colle avec un type qui était le fil du shérif irlandais et de la tenancière noire de Deadwood, dans le South-Dakota. Lui et moi, nous bossions dans l’équipe de dynamiteurs : on faisait sauter la roche des montagnes pour construire le Dalles Dam sur le puissant fleuve Columbia, entre le Washington et l’Oregon. J’ai déniché un remorqueur et je l’ai transformé en logement et l’ai baptisé « Little Toot » (petite sirène). J’écoutais Johnny Ace chanter « Clock on the Wall » pendant que le courant me berçait dans mon sommeil. Plus tard, nous avons suivi les récoltes vers le sud, on cueillait du houblon, des pommes et on a fini par se retrouver une fois de plus à San Francisco où il m’a dégoté un boulot aux docks, avec les Longshoremen et les Teamsters (1). Tous deux étaient présents au souper de Thanksgiving, avec Allen et Neal, et toute une sacrée chambrée, en novembre 1963.


A.J. Tu as quitté le Kansas en 1961 pour rejoindre San Francisco. Pourquoi le choix de cette ville ? De quand datent tes premières rencontres avec les autres poètes de la Beat Generation ? Est-ce à la librairie de Ferlinghetti « City Lights Books » que tu as rencontré Ginsberg, Cassady, Kaufman... pour la première fois ? Et Kerouac, en quelles circonstances l’as-tu côtoyé ?

C.P. Ma tante vivait à San Francisco. Plus tard, ma sœur aussi, si bien que j’avais des liens avec cette ville. Un peu plus tôt, un groupe surnommé le « Wichita Vortex » avait quitté le Kansas pour San Francisco ou Los Angeles. Des artistes comme Bruce Connors, Mike McClure, Stan Brackage, Dennis Hopper, Dave Haselwood. Je n’attache pas d’importance aux étiquettes, mais il est question de ma présence dans ce mouvement particulier d’artistes, dans le bouquin de Jeff Nuttall, Bomb Culture. J’en ai rencontré d’autres de Wichita qui avaient migré là-bas après Haselwood et Connors. McClure, Haselwood et Connors étaient allés à l’université et, officiellement, ils y avaient étudié. Durant ces années de ma jeunesse, j’avais laissé tomber les études supérieures et je gravitais dans une sous-culture qui n’avait rien d’acceptable pour la société traditionnelle.
Par exemple, j’ai été en prison à Wichita avec Bob Branaman et, après ce séjour en taule, on a glandé dans des bistrots de blues et de jazz et dans des bastringues à musique country. Alan Russo nous a rejoints plus tard, encore que, parfois, il lui fût arrivé de suivre les cours de l’univ. Son père y enseignait la psychologie et l’avait testé au niveau « génie ». Il rédigeait pour nous les commandes de cartons de peyotl. Certains nous appelaient « hipsters », « bohèmes », « outsiders », « non-conformistes » ou même « punks » (les crades). J’avais laissé tombé les cours après ma première année à l’univ et je traînaillais dans les boîtes où les saxophonistes de Stan Kenton (qui était de Wichita) jouaient dans les combos classiques de l’époque. Nous allions à Kansas City histoire de voir Charley Parker, Jay McShane, King Pleasure, Big Bill Broonzy, Count Basie. Il y avait en ce temps-là une petite portion de Kansas City appelée « Rattle Bone Flats » et datant de l’époque où c’était encore Wyandotte City. À Wichita, nous avions également l’occasion exceptionnelle de nous brancher avec des musiciens et de ramasser quelques huées, ou de sortir des sentiers battus dans de petites boîtes du quartier noir pour voir des gens comme Fats Domino, Bo Diddley, Joe Turner et les grands du rythm n’ blues que nous allions écouter pour « un dollar à l’entrée » (et les copains qu’il fallait pour pouvoir entrer). Ca s’appelait à l’époque de la « musique raciale ». Pas très connue du public blanc. Dans ma « sous-culture de la bagnole », je pouvais traîner non seulement dans les boîtes de Kansas City, mais aussi me farcir 2500 bornes de plus jusqu’à Los Angeles, où je passais des tas de nuits à sillonner Central Avenue dans les deux sens pour dénicher les boîtes où les plus grands des artistes de jazz de tous les temps se réunissaient grâce à l’influence de Norman Granz.
Entre deux voyages, je suivais la récolte du froment. J’ai bossé pour la Santa Fe Railroad. J’ai bossé sur un pipeline en Arizona, j’ai chevauché des taureaux Brahma et des chevaux à cru dans les rodéos. J’ai également participé à Hollywood à un show de cascadeurs qui sautaient par-dessus un alignement de bagnoles ou au travers d’un cercle enflammé, avec moi à plat ventre sur le capot de la tire. C’est ma mère qui conduisait…
Ainsi, j’avais été de nombreuses fois en Californie et dans pas mal d’endroits dans l’Ouest et j’avais mené un genre de vie hors norme, déjà dans ces années 50, bien avant d’avoir entendu parlé de la Beat. Mon style de vie était plus proche de l’autobiographie de Jack Black dans son bouquin « You Can’t Win ». Coïncidence, c’est le premier bouquin qu’ait lu Burroughs et, bien plus tard, il allait écrire une intro pour une réédition de ce livre. J’ai poursuivi dans cette veine en rédigeant mon « Last of the Moccasins , publié d’abord par City Lights, et qui raconte mes aventures des années 50. J’ai lancé mon propre genre, dans ce bouquin, la construction en prose de type « hobohémien ».
Los Angeles a une culture musicale et artistique différente de celle de San Francisco, mais San Francisco, c’était tellement beau, comparé à Los Angeles, asphyxiée dans son smog, que j’ai préféré y rejoindre mes amis là-bas. Et puis, la première fois que j’ai vu les beats, c’est quand ils sont venus à une party que j’avais organisée à l’appart de Gough Street, à San Francisco. Ginsberg venait tout juste de rentrer à San Francisco de son voyage en Inde, de sorte qu’il avait rempli les pages du magazine (qui était la partie la plus importante des médias, à l’époque). J’ai ouvert la porte et Ginsberg est entré, suivi de Ferlinghetti, McClure, Whalen et d’autres. J’ai appris plus tard qu’ils étaient attendus à d’autres soirées et je ne sais toujours pas pourquoi ils sont venus à la mienne. Les hippies débarquaient, à l’époque, et en troupeaux entiers et, ainsi donc, l’affaire ressemblait à la rencontre entre les hippies et les beats, mais je n’avais le sentiment de faire partie ni des uns ni des autres. Allen s’est présenté et m’a également présenté les autres, disant de façon énigmatique : « Je présume que c’est toi que je suis censé rencontrer. » Je n’ai jamais chercher à savoir ce qu’il entendait par là, car la plupart des beats avaient l’air assez square, à mes yeux, mais chouettement célèbres, ce qui est toujours synonyme de grandeur, dans ce pays, de sorte que j’ai été passablement honoré de les rencontrer. Ferlinghetti avait peut-être l’air un peu triste de voir que le dessus du panier de la société littéraire n’était pas là, mais Whalen s’est mis à danser et les McClure s’y sont mis aussi. Un poète des rues, Dave Moe, qui poétise toujours aujourd’hui, s’est mis à danser en transe pour Allen.
J’avais rencontré Neal Cassady environ un an plus tôt chez une copine. Je l’ai apprécié tout de suite, parce que nous avions partagé des styles de vie assez semblables dans les États du Centre, à savoir les bagnoles, les filles et la benzédrine. En fait, il était pareil à la sous-culture dans laquelle je me trimbalais de Denver à Kansas City. Pam et moi, plus tard, allions rencontrer Burroughs à Londres. Huncke n’était pas à cette fameuse soirée de San Francisco, mais il est venu de New York à Gough Street plus tard, plus « cérémonieusement », traversant le pays complètement pété dans une Mustang, avec comme chauffeur Janine Pommy Vega, histoire de venir renifler la nouvelle Renaissance de San Francisco.

A.J. À quel moment as-tu commencé à exposer tes collages, à publier tes poèmes et à participer à des lectures ? Quels étaient les lieux où se retrouvaient volontiers les poètes de la Beat Generation et ceux que l’on a ensuite assimilés au « Renouveau de San Francisco » ?


C.P. Ma seule et unique expo de collages a eu lieu à l’infâme galerie Batman de Fillmore Street. J’avais réalisé plusieurs collages, dont un très grand qui a influencé Claude Pélieu pour la réalisation de ses collages géants. Mon expo a été mentionnée dans Art in America. C’était en 1963. Neal était venu au vernissage habillé dans tout un déguisement républicain : chapeau de paille et canne, le tout en rouge, blanc et bleu. Il était allé à la convention de Barry Goldwater. Goldwater se présentait contre Lyndon Johnson. J’aimais bien Goldwater aussi. J’avais été cavalier de rodéo (avec des taureaux Brahma et des broncos à cru) dans le district de Goldwater, à Gila Bend, en Arizona. Johnson était bien, mais c’était un menteur invétéré. Ils disaient de Goldwater qu’il tirait « droit au but », voulant dire par là qu’il était honnête et direct. Un journaliste lui avait demandé si son fils avait pris du LSD comme le prétendait la rumeur. Goldwater avait répondu en public : « Ce ne sont pas vos nom de Dieu d’affaires ! » Quoi qu’il en soit, le républicanisme de Neal et de Kerouac a toujours été une épine dans le flanc gauche de Ginsberg. J’ai vendu tous mes collages, sauf deux. Claude a toujours voulu collaborer à un « énorme » collage, mais je n’en ai plus fait beaucoup, après cela. Quelques années plus tard, Billy Jharmark, qui a rendu la galerie Batman célèbre et avait des amis cool à Los Angeles, comme Wallace Berman et Dennis Hopper, nous a vus, Pam et moi, dans la rue et nous a donné les clés de sa MGTD 1950 Classic. Nous étions sur le point d’aller en France et nous l’avons vendue pour 250 dollars. Les lectures de poésie se faisaient principalement à North Beach. C’était de la matière brute. Je n’ai pas beaucoup lu moi-même, mais j’ai assisté régulièrement aux lectures de Duncan, McClure et Ferlinghetti, qui était un habitué du Mike’s Pool Hall, pas loin de City Lights, à North Beach, de sorte que nous pouvions emmener Pam et lui permettre d’entrer, parce qu’elle n’avait pas encore l’âge, une grosse épine, dans ce pays, au contraire de la France. Il y avait différents endroits et scènes, à San Francisco, depuis le Head Shop, dans Haight Street, jusqu’aux bars pédés de Turk Street, ou encore les vulgaires bars commerciaux de Mission, où un groom allait garer votre Harley au parking et où vous pouviez vous installer épaule contre épaule – ou pénis contre pénis – en compagnie de Tennessee Williams. San Francisco était une reine particulièrement sculpturale avec un carnaval permanent juste sous ses colliers et bracelets de néon.

A.J. Avec ta femme Pamela (fille de l’artiste et traductrice Mary Beach et belle-fille du poète et collagiste Claude Pélieu), tu as été le premier à publier les dessins de Robert Crumb et la première BD de motard du dessinateur S. Clay Wilson. Comment t’es-tu lancé dans l’édition et l’impression de ta revue The Last Time ?

C.P. J’ai d’abord publié S. Clay Wilson dans la petite revue underground Grist. Pam et moi avons vécu brièvement à Lawrence, dans le Kansas. Lawrence n’est pas loin du lieu de naissance de Charlie Parker, à Kansas City, qui était connue pour ses attaques et ses pillages de banques par les célèbres gangs de cow-boys de l’époque héroïque. Les étudiants de la magnifique université vivaient dans les vieilles maisons de la ville basse et on pouvait encore voir des impacts de balles dans les façades en brique. Wilson était étudiant et il vivait là avec, devant chez lui, un crasseux jardinet de façade plein de pièces d’Harley. Le jeune James Grauerholz écumait la librairie Grist à la recherche de trucs branchés à lire. Lawrence est aujourd’hui un endroit très « hip » en partie à cause de James et de son fameux pote Burroughs qui allait y habiter à la fin de sa vie. Robert Crumb allait déménager à San Francisco plus tard, de même que Wilson. Pam et moi avons déménagé à plusieurs reprises et avons vécu près du Fillmore Ballroom. Plusieurs trucs différents se passaient en même temps. La musique remplaçait progressivement la poésie. Nous avions des billets de faveur pour aller entendre une nouvelle chanteuse qui venait de débarquer, Janis Joplin et son groupe, Big Brother. Nous étions tellement défoncés que nous n’avons même pas pu parcourir quelques blocks pour y aller. Un gusse a rejoint notre party et a insisté pour qu’on écoute le groupe qu’il était en train de former et qui s’appelait Pink Floyd. Soirées nues, liberté sexuelle, hallucinogènes, plus toutes les « sous-cultures traditionnelles », il y avait de tout dans ce carnaval perpétuel. Certains de mes potes sont partis bosser avec Al Cohen au journal The Oracle, les gars gagnaient leur pognon en essayant de le fourguer dans la rue. La Haight Ashbury avait changé quasiment du jour au lendemain depuis que j’y avais dégotté un appart en 1962. En 1965, le vieux quartier russe avait complètement changé et il était plus peuplé que l’East Village, à New York City, qui s’était lui aussi développé rapidement suite à l’éclatement de la scène à San Francisco. Robert Crumb était venu à San Francisco. La seule autre personne qui le connaissait était Don Donahue, qui a racheté ma presse après que j’ai eu publié les NOW et The Last Times, dont le format journal changeait à chaque impression. Ç’a été sans aucun doute le dernier. Je n’en connais qu’un exemplaire existant dans les collections spéciales d’une université. J’ai publié deux longs poèmes dans Evergreen Review, à propos de la nouvelle scène de Haight Ashbury et, plus tard, Woodstock. Ils allaient être illustrés, sur plusieurs pages. Robert était sans un et je voulais qu’il se fasse un peu de blé, mais je n’ai pas pu convaincre les responsables artistiques de Grove Press d’utiliser les illustrations de Robert Crumb. Ils n’avaient jamais entendu parler de lui et qui sait ce qu’ils pensaient de son travail ? Il allait trop loin ? Pas assez bon ? Evergreen venait de changer pour adopter un format plus grand aussi. Les exemplaires dans lesquels figuraient mes poèmes étaient bien ficelés. J’ai imprimé et mis au point le format de son Zap pour qu’il s’adapte à ma vieille presse et Pam et moi l’imprimions entre deux soirées, et lui et sa femme et Don le vendaient de la main à la main à Haight Street, à 25 cents l’exemplaire. Au moment où je rédige le présent texte, Wilson lance des appels pour rassembler une convention de comics en Californie du Sud et il dit qu’il y a eu une annonce selon laquelle un « Plymell Zap » se serait vendu 15.000 dollars, un prix record pour n’importe quel comic. Eh ! non, je n’en ai pas un seul !!!

A.J. Tu as été très proche de William S. Burroughs et de Ray Bremser. Dans quelles circonstances as-tu rencontré ces deux écrivains ? À New York ?

C.P. Pam et moi avons rencontré William à son appart, 8 Duke Street, à Londres, en 1968. J’avais correspondu avec lui auparavant, et il avait fait certains cut-ups avec les tout premiers textes de NOW. Il avait également envoyé la méthode à utiliser pour les textes que j’avais imprimés dans le numéro suivant de NOW.
Nous avons rencontré Ray ici, à Cherry Valley, à la ferme de Ginsberg. Ray connaissait le jazz, mais il ne savait absolument pas ce qu’était l’argent. Il a donné sa dernière lecture à Cherry Valley et il est mort avec un peu de thunes en poche.
Une fois que Burroughs a été fabriqué, le moule a été cassé. Il n’y en aura jamais un autre d’aussi réussi.

A.J. Tu vis aujourd’hui à Cherry Valley dans l’État de New York et continues à te consacrer à l’écriture et au collage. Tu te produis également dans des lectures, notamment avec Thurston Moore, leader du groupe de rock-punk Sonic Youth. Peux-tu nous parler de tes derniers ouvrages et de tes dernières lectures en public ?

C.P. Je ne me consacre pas vraiment à quelque chose en particulier. J’étudie la physique et je développe ma philosophie du cosmos. Si quelqu’un s’enquiert de moi, j’essaie de mettre ensemble nombre de notes éparses. J’ai fait un petit bouquin de collages il y a quelque temps et, parfois, j’utilise les images de Claude et Mary qui traînent, en les mettant à l’abri de leur chatte qui croit que c’est à elle et qui les étale comme s’il s’agissait de pensées qui ont regagné en importance avant d’être brossées sur le côté. Thurston Moore et Byron Coley ont organisé plusieurs lectures pour moi dans le Massachusetts ainsi qu’à Montreal. Pam et ma fille ont été invitées à une grande soirée de musique et poésie dans une baraque pleine à craquer. Sonic Youth et Flaming Lips ont joué à la New York State Fair où mon fils et le biographe de cinéma de Huncke, Laki Vazakas, avaient des entrées sur scène. C’était une immense scène et les gradins avaient été utilisés pour des courses de bagnoles et ils étaient noirs de monde. Ce furent des performances enthousiasmantes. Byron et Thurston m’avaient demandé de passer sur scène au profit de leur magazine Estactic Peace, et ce fut ma dernière apparition, à la St. Marks Church de New York City. J’avais sorti un petit sermon poétique sur Jésus et Judas ayant un petit fou rire à propos de la mise en scène du suicide par personne interposée de Jésus, à propos duquel les autres n’étaient pas du tout au courant. Hammond Guthrie l’a sorti dans Third Page sur http://www.emptymirrorbooks.com/thirdpage/texturesup.html, avec Mary Beach sur la même page : quand on clique sur la fenêtre, elle s’ouvre, puis on clique sur le nom et on a la biographie. Le monde entier n’arrête pas de marcher à coups de clicks et de kicks !


A.J. Les éditions Wigwam vont publier une traduction d’un choix de poèmes extraits de ton recueil Robbing The Pillars (Les voleurs de piliers), une première publication en français qui te tient particulièrement à cœur, je crois... As-tu déjà publié en Europe auparavant ?
C.P. Je vois de temps à autre un poème ou un collage dans une publication française, ou en Inde ou en Écosse ou dans d’autres pays encore, mais pas de bouquins. J’ai publié quelques bouquins en Allemagne et en Autriche et j’ai figuré dans plusieurs publications depuis les années 60 en raison de mes rapports avec Carl Weisner, Jürgen Ploog, Peter Engstler, Walter Hartman, Sylvia Pociao...
« Robbing the Pillars », c’est une expression utilisée par les mineurs de charbon américains quand ils referment une galerie de mine. Ils retirent les étançons un par un jusqu’à ce que la galerie s’effondre.
 (1) Les Débardeurs (= dockers) et les Routiers, deux corporations syndicales américaines.
La traduction de cet entretien a été réalisée par Jean-Marie Flémal

dimanche 24 janvier 2016

Editions Lenka Lente: Apocalypse Rose de Charles Plymell / Apocalypse Rose de Bill Nace



http://www.lenkalente.com/product/apocalypse-rose-de-charles-plymell-apocalypse-rose-de-bill-nace
9.00
Disponible


Image of Apocalypse Rose de Charles Plymell / Apocalypse Rose de Bill Nace
   
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CHARLES PLYMELL
ROSE DE L'APOCALYPSE / APOCALYPSE ROSE
BILL NACE
APOCALYPSE ROSE
LENKA LENTE - 10 JANVIER 2016
LIVRE + CD
EDITION BILINGUE / BILINGUAL EDITION
44 PAGES
10 X 15,5 CM
ISBN : 979-10-94601-02-0

Publié pour la première fois en 1966 dans le City Lights Journal, ce poème électrique de Charles Plymell est ici présenté dans une édition française établie d’après la traduction de Jean-Marie Flémal. On trouvera aussi dans ce livre la version originale d’Apocalypse Rose et, sur le disque qui l’accompagne, la musique que sa lecture a inspirée à Bill Nace.
Écrivain, poète et éditeur, Charles Plymell est né dans le Kansas en 1935. Surnommé The original hipster, il a frayé à San Francisco avec la Beat Generation avant de partir faire le tour du monde. Il habite aujourd’hui Cherry Valley, où il anime les éditions du même nom.

Musicien, artiste plastique et éditeur, Bill Nace fait notamment entendre sa guitare dans Body/Head, projet qu’il emmène avec Kim Gordon depuis 2011. De Northampton, il dirige le label discographique Open Mouth.



jeudi 23 avril 2015

On Robert Crumb and Zap Comix by Charles Plymell

Outlaw poet, writer, Beat associate, artist, printer, dock worker, and in general, a hell of a friend, Charley Plymell (not on facebook, but @ Pam Plymell) turns 80 this weekend, on Sunday, April 26.
Born during the Dust Bowl Days of Kansas fame, he has seen and done and written about most things -- always loyal to friends, family, and truth. He seems to be at the right places at the right times, but avoided gaining any one 'label.'
So here's the first of a few things I'll post this week about cp and his work and friends and stuff. First on his printing of the first Zap Comix with R. Crumb -- yup.
Best to you, charley - - hope to see you soon --
http://www.vlib.us/beats/plymellrcrumb.html
My favorite reality chamber in the '40s and '50s was to cradle myself in the big overstuffed armchair with a stack of comics on the floor and some beside me in the chair a smorgasbord of preferences that would satisfy a reading orgy should I decide to shift quickly from Mary Jane and Sniffles, the f…

mercredi 10 décembre 2014

Charles Plymell: Zap Comix's first printer on R. Crumb: Curled in Character

https://www.facebook.com/george.laughead/posts/10205377248976543
With all the interest in the Zap Comix collected edition (20 pounds, they say ), I thought it important to make sure Charley Plymell (@ Pam Plymell)is kept in his historical place as the publisher/printer of the first issue -- heard the new collection has sold out -- at almost 500 dollar a copy -- congrats to Patrick Rosenkranz for his work in the book.
Here's Charley's history of the events around Zap's first issue: http://www.vlib.us/beats/plymellrcrumb.html





Zap Comix's first printer on R. Crumb: Curled in Character
by outlaw poet Charley Plymell


Read in Beats In Kansas: The Beat Generation at : http://www.vlib.us/beats/plymellrcrumb.html

vendredi 28 février 2014

Charley Plymell Tells and Shows in Strings of Emails



http://www.artsjournal.com/herman/2014/02/charley-plymell-tells-and-shows-in-strings-of-emails.html
February 26, 2014 by



Charley Plymell’s long, seemingly endless strings of emails are fascinating to read. He has known so many Beat writers and artists and has popped up in so many places with them that I can’t help thinking of him — half in wonder and half in disbelief — as the Zelig of the Beat Generation. Unlike Zelig, however, he has actual evidence to support his many, many tales. There he is in snowy Cherry Valley, for example, displaying a painting by William Burroughs that Burroughs once gave him and his wife Pam. “We sold it over phone … 3 grand,” he noted, and attached the photo. And there he is, in another attachment from another email, on a poster to promote a recent appearance in Brooklyn with Gerard Malanga. Of course, if you call Charley a Beat poet, he’ll tell you he is no such thing and you may be subject to a lengthy rant about various Beat luminaries who failed to live up to his ideals.

+++
More in the blog Straight Up | Herman at http://www.artsjournal.com/herman/2014/02/charley-plymell-tells-and-shows-in-strings-of-emails.html

vendredi 20 décembre 2013

Kicks Books: Charles Plymell's Benzedrine Highway ebook, perfume & ltd editions launch (Dec 18th)

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LOSER LABEL
Of course we know you own the new portable Plymell in luxe paperback, but if you happen to be caught without the Kicks edition in your hip pocket, tune in to Benzedrine Highway via Kicks Kindle editions-- gettable anywhere the wind blows. Latch onto it here: Benzedrine Highway e-book
BOOK-INSERTCARDS
This last full moon of 2013 brings in the motherlode of Benzedrine Highway items of interest from the hardest working small press in the business, Kicks Books. With today's launch of the e-book version of our portable paperback Plymell, comes a super limited box edition, two Plymell perfumes (Apocalypse Rose for the ladies and Loser for the germs), and other framable, untamable items for the love of Plymell.
Dig it here: PLYMELL AD INFINITUM!
ROSE-PERFUME-INSERTCARD
BENZEDRINE HIGHWAY includes the first ever republication of Plymell’s long out of print first book of poetry, APOCALYPSE ROSE, his first prose book, LAST OF THE MOCASSINS, and a new autobiographical introduction which speeds you into the wild world of Charles Plymell where his words warp one’s horizontal, and stand one’s vertical on its pointed little head.
Benzedrine Highway is published by Kicks Books, Box 646 Cooper Station, NYC 10276
For further information, kindly contact Paige Turner at Kicks Books headquarters.
plymell1
Poet/author/artist/small press publisher (legend!) Charles Plymell roared out of Kansas with tires blazing while the Beat scene was still in training wheels. Weaned on jump blues, true grit and Dr. Gimmy Gommy’s Goodies, Plymell redefined the fast track with blunt force, map zap and brute strength forged of desperation and attitude.
Born on the high plains in Finney County, Kansas in 1935 in a converted chicken coop during one of the blackest dust storms of the day, he would spend his sprouting years kicking up even more sand. His father was a cowboy born in the Indian Territory; his mother was of Plains Indian descent. Life on the loose held more appeal than classrooms for young Charles, who dropped out after ninth grade. He worked at various laboring jobs throughout the western states, then racing the highway between Los Angeles and Kansas City during his hipster years, stoked on hillbilly howls and race music-- R&B, blues, and jazz.
Charles Plymell lived in San Francisco in the early 1960’s, sharing a house with Allen Ginsberg and Neal Cassady. His writings from this period were published in his first book APOCALYPSE ROSE, which appears complete in BENZEDRINE HIGHWAY, along with his killer roadmaster autobio THE LAST OF THE MOCASSINS.
Plymell raised a lifelong ruckus with a wild bunch that included friends Ginsberg, Cassady, William S. Burroughs, and Jack Kerouac-- and a cast of thousands.
Charles Plymell eventually settled in upstate New York. He has published, printed, and designed umpteen underground magazines and books with his wife Pamela Beach. He put Ray Bremser and Herbert Huncke, whom he identified with from the hipster 1950s, into print, and was influential in the underground comix scene, establishing artists such as Robert Crumb and S. Clay Wilson, whom he first published in Lawrence, Kansas. Plymell was the first printer of Robert Crumb's Zap Comix.
Charles Plymell opposes the National Endowment for the Arts and has criticized it in print, claiming it has become a politicized, unjust system feeding on its own mediocrity and self-contradiction. His views were mentioned in the New York Times in "Notes on People" and again in "Washington Talk". He was subsequently blacklisted and has never received any funding from any federal, state, or academic agency to pursue his creativity.
kicksbooks.com • (917) 671-7884 • nortonrec@aol.com
Also by Charles Plymell:
Apocalypse Rose, Dave Haselwood Books, San Francisco, CA, 1966. Neon Poems, Atom Mind Publications, Syracuse, NY, 1970; The Last of the Moccasins, City Lights Books, San Francisco, CA, 1971; Mother Road Publications, 1996; Moccasins Ein Beat-Kaleidoskop, Europa Verlag, Vienna, Austria, 1980; Over the Stage of Kansas, Telephone Books, NYC, 1973; The Trashing of America, Kulchur Foundation, NYC, 1975; Blue Orchid Numero Uno, Telephone Books, 1977; Panik in Dodge City, Expanded Media Editions, Bonn, W. Germany, 1981; Forever Wider, 1954-1984, Scarecrow Press, Metuchen, NJ, 1985; Was Poe Afraid?, Bogg Publications, Arlington, VA, 1990; Journals From Lysidia, synaethesia press, 1999; Hand on the Doorknob, Water Row Books, Sudbury, MA, 2000; Some Mother’s Sons, Cherry Valley Editions, Cherry Valley, NY, 2005; Choix de Poemes, Wigwam, Rennes, France, 2007; Mindeater, Verlag Peter Engstler, Germany, 2009; Eat Not Thy Mind, Glass Eye Books/Peace Eye Library, Northampton, MA 2010; Animal Light, Peter Engstler Verlag, Germany, 2011; Tent Shaker Vortex Voice , Bottle of Smoke Press, Dover, Delaware, 2012; Benzedrine Highway, Kicks Books, 2013.
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mardi 19 novembre 2013

Charley Plymell and Gerard Malanga, photos by Paul Hennessy: release of "Benzedrine Highway".

More photos by Paul Hennessy at http://www.phennessy.com/
Photos taken by Paul Hennessy of Orlando, Florida, on Nov 8, 2013 at the Jefferson Market Library in NYC. The event was a poetry reading by Charley in connection with the release of his book, "Benzedrine Highway". Gerard Malanga introduced Charley and read several of his poems as well.
 
The photo of the event announcement was taken in the lobby of the Library. 

 
Charley Plymell
 
 
 
Charley and Miriam Linna, Charley's book publisher at Kicks Books
 
 
 
 
Gerard Malanga
 
 
 
 
The photo of the book shelf was taken the same day at The Strand bookstore in NYC